Comment upcycler une chemise de pyjama en veste 80's - sans patron
Le projet en images
Upcycler un pyjama en veste ? Pourquoi pas
J’étais un jour chez une dame de près de 80 ans qui souhaitait me vendre d’anciens vêtements, à commencer par ceux qu’elle portait au lycée. Une belle rétrospective vestimentaire nous attendait cet après-midi là, la dame me racontant la jupe en velours qu’elle portait lors de son premier jour en tant que professeure des écoles dans les années 60, sa robe de mariée, ou encore ses jupes de danse. Au milieu de tout cela elle me proposa un pyjama en satin couleur dragée – « ça s’appelle une liquette » – qu’on lui avait offert dans les années 80 me dit-elle. Jamais portée – elle n’aimait pas – mais de qualité. Sans trop savoir ce que je pourrais en faire la fameuse liquette me séduisit pourtant.
C’est ainsi que naquit l’envie d’upcycler un pyjama.
Les caractéristiques du pyjama boutonné
Pour commencer un upcycling il faut avant tout s’intéresser au vêtement original et voir ce qu’il a à proposer. Les deux traits principaux de ma fameuse liquette étaient donc sa matière (le satin) et sa forme caractéristique des chemises de pyjama avec son col tailleur passepoilé, sa poche de poitrine et ses petits boutons.
Après une longue phase d’observation et de réflexion, je décidai finalement de ne pas conserver les marqueurs du pyjama évoqués ci-dessus mais de mettre à l’honneur sa matière satinée.
Mon conseil : Avant de vous lancer dans un upcycling identifiez les traits caractéristiques de votre vêtement original (matière, forme, couleur, détails…). Vous n’êtes pas obligé.e de tous les conserver mais cela vous permettra d’évaluer l’ampleur de la transformation à venir. Par ailleurs si vous voulez tout changer, c’est que votre projet n’est peut-être pas le plus adapté à votre vêtement initial.
Les atouts du pyjama boutonné
Même si je ne voulais pas conserver les marqueurs du pyjama, je voulais quand-même ne pas en modifier radicalement la forme. C’est donc l’idée de réaliser une veste en satin qui s’est assez facilement imposée.
En voici les raisons :
- Cette liquette était au moins deux tailles au-dessus de la mienne, et puisqu’il s’agissait d’un pyjama (dont le but est d’être confortable), sa forme était assez ample. Cela tombe bien on attend d’une veste qu’elle soit plutôt confortable elle aussi, j’étais donc sur la bonne voie. Par ailleurs je souhaitais apporter de l’épaisseur à ma veste pour pouvoir la porter en mi-saison donc il fallait que j’ai de la place pour y mettre une doublure molletonnée.
Mon conseil : N’hésitez pas à prendre un vêtement de base qui soit au moins deux tailles au-dessus de la vôtre afin de vous permettre plus de modifications et donc de liberté pour la suite de votre projet.
- Je pouvais conserver sa forme générale – modulo quelques menus changements – sans avoir à utiliser de patron. Ainsi à part la longueur que j’ai réduite, et une transformation de la patte de boutonnage en zip, les pièces ont toutes conservé leur forme. Même l’encolure qui n’était en réalité que le prolongement de la patte de boutonnage, n’a pas demandé de modification.
Inspirations et stylisme
La couleur
Une fois le projet validé, il fallait s’intéresser à la partie stylisme. Et une veste en satin rose peut nécessiter un petit moment de réflexion si on veut éviter les sorties de piste.
Bonne nouvelle, la couleur dragée/corail/pêche n’était pas du tout un frein pour moi, étant assez friande de rose en général. Donc loin de vouloir atténuer cette couleur je décidai de l’accentuer en toute témérité, galvanisée par la fameuse tendance barbiecore qui fait fureur en ce moment.
Et puis j’avais une botte secrète : une robe bustier pure 80’s – faite de plissés, de volants et de nœuds dans une matière synthétique crissante et moirée – qui était déjà un challenge en soi à regarder. Mais sa couleur entrait parfaitement dans la tendance barbiecore susmentionnée, elle me fournirait donc les touches de rose vif dont j’avais envie.
Le style rétro
On avançait… on avait donc du rose et du plus rose encore, une idée de veste, et surtout on baignait dans les années 80. Qu’à cela ne tienne ma veste aurait donc ce petit supplément d’âme 80’s inscrit dans L’ADN des pièces qui la composaient.
Enfin, comment parler de veste rose satinée sans avoir une petite pensée pour les Pink Ladies du film Grease ? En tout cas moi j’y ai très fortement pensé. Je les ai donc ajoutées à mon moodboard.
Le moodboard
Mon conseil : Avant de vous lancer, posez-vous et récapitulez les éléments que vous voulez voir apparaître dans votre upcycling afin de vous assurer qu’ils sont cohérents les uns avec les autres. Vous pouvez le faire sous forme de moodboard pour avoir une vision graphique de vos inspirations ou simplement par écrit.
Le design de la veste
Après avoir rassemblé toutes les inspirations que je souhaitais faire apparaître dans ma veste, il a fallu que je détermine enfin la forme de mon projet.
Je ne voulais pas me lancer dans un bombers car cela aurait nécessité plus de modifications de la chemise initiale (comme la réalisation de manches raglan) et puis de toute façon je n’avais pas envie d’un bombers. La forme de la veste des Pink Ladies me servit de base et correspondait plutôt pas mal à la forme de la liquette. Le côté molletonné irait lui apporter la touche années 80.
Notons qu’à ce stade je ne savais pas encore à quoi ressembleraient les motifs rose vifs, je savais juste que ce rose devrait servir sur les manches, car ces dernières étant des manches 3/4 il fallait les rallonger, et que je voulais faire des bandes de rose vif. Pour ce qui était du sens, je n’avais encore rien défini et je ne savais même pas que je rajouterais la couleur grenat.
Note : Même si vous avez réfléchi à votre projet et fait un moodboard, vous pouvez toujours changer d’avis en cours de route sur des détails. Les idées viennent aussi en créant !
Avant de coudre
Il est temps de s’intéresser un peu plus en détails à ce dont nous avons besoin pour notre projet :
Techniques de couture du modèle
Un certain nombre de difficultés techniques viennent jalonner la réalisation de ce modèle. Je le recommande à des personnes qui ont déjà des connaissances solides en couture pour éviter les déconvenues.
Techniques à connaître :
– Pose d’un zip
– réalisation et pose d’un col (sans pied de col)
– montage de manches
– pose d’une doublure
– couture invisible à la main (facultatif)
– assemblage de poignet et d’une ceinture
– surpiqûres
– réalisation de poches (facultatif)
Gros point d’attention : les raccords de couture. Notamment au niveau de la symétrie des motifs
Les fournitures
À upcycler :
– la robe rose vif (qui sert à faire des bandes)
– la liquette qui sert de canevas
Note : vous pouvez utiliser des chemises de nuit ou des chemises de pyjama boutonnées (cf ci-dessous). Vérifiez simplement la forme de l’encolure.
À ajouter :
– un zip séparable pour veste (celui que j’ai utilisé faisait 45 cm)
– de l’entoilage molletonné – entre 1m20 et 1m50 (dans notre cas le Vlieseline 277 à coudre qui n’était pas trop épais).
– un tissu pour la doublure intérieure – 1m20/1m50 . (Personnellement j’ai été initiée au bemberg qui est une matière artificielle au toucher soyeux. Elle est respirante et absorbante ET a pour mérite d’être écologique sans être hors de prix. Parfait pour les vestes.)
– un ruban de satin (ou gros grain, ou sergé…) d’une largeur (indicative) de 2,5 cm et d’une longueur totale d’une soixantaine de centimètres.
– Un peu de tissu contrastant (ou pas) pour réaliser le dessus et dessous de col.
– Un petit morceaux d’entoilage tissé thermocollant pour le dessous de col.
– Du fil assorti (ici 3 couleurs différentes).
Mesures
La prise de mesure doit se faire précisément et en plusieurs temps :
1- Pour commencer prenez vos mesures et déterminer les longueurs souhaitées pour les divers éléments de la veste (devant, dos, manches).
Par exemple : Pour ma part je souhaitais une veste plutôt courte qui tombe juste au niveau des petites hanches. Il a aussi fallu que je détermine la longueur des manches puisque celles de la liquette n’étaient pas assez longues.
2- Une fois les longueurs totales déterminées, retranchez-leur la hauteur de la ceinture et celle du poignet puis rajouter les valeurs de coutures.
Par exemple : Dans mon cas la hauteur totale de la veste depuis l’encolure jusqu’au bas (le long de la ligne de milieu devant) fait 48 cm auxquelles je retire 3 cm de hauteur de ceinture (soit 45 cm), puis auxquelles je rajoute 1 cm de valeur de couture (soit une hauteur de 46 cm). Réitérez en prenant les longueurs sous les aisselles et au milieu dos.
3 – Pour la ceinture on doit doubler la hauteur du rendu final car la ceinture est pliée en son milieu (faire une bande de 6 cm de largeur pour une hauteur finie de 3 cm) et on n’oublie pas d’ajouter les valeurs de couture à chaque bord (soit une hauteur totale de 8 cm pour une ceinture de 3 cm de hauteur)
Note: Il faudra aussi penser à laisser des marges de couture sur les bords latéraux des différentes pièces constituant la ceinture.
4 – En ce qui concerne la manche : sa longueur finie sur ma veste est de 59 cm à laquelle je retire la hauteur de poignet et à laquelle j’ajoute 1 cm de valeur de couture sur le bas.
Note : Si comme moi vos manches sont trop courtes pensez bien à ajouter aussi les valeurs de couture entre ces deux parties de la manche au moment de déterminer la longueur de vos pièces.
5 – Ensuite, on procède de la même façon qu’à l’étape 3 pour les mesures du bracelet au niveau du poignet.
Réalisation
Première étape : Découdre
Tout d’abord, bien que la structure de base de la chemise reste inchangée, il va tout de même falloir séparer tous les éléments la constituant car ils vous serviront comme patron pour réaliser les pièces de doublure qui viendront en miroir.
Utilisez votre découd-vite, soyez patient.e ce n’est pas le plus rigolo.
Une fois cette étape terminée vous devez avoir : un col, un dos, un devant gauche, un devant droit, une manche gauche et une manche droite.
Retirez aussi la poche de poitrine en faisant très attention à ne pas tirer et abîmer votre tissu et les boutons.
Mon conseil : Au moment de retirer les manches identifiez-les bien (droite et gauche) pour ne pas les remonter à l’envers ensuite.
Puis repassez toutes les pièces bien proprement. La zone de la poche est peut-être visible car des petites trous de couture sont encore apparents, mais en mouillant un peu au spray et en repassant ces petites trous disparaissent.
Mon conseil : Si votre pyjama initial est en satin faites un test de repassage sur une chute de ce tissu pour voir comment il réagit sous le fer, et dans le doute utilisez une pattesèche (un voile de coton ou organza de soie sec) entre le fer et votre tissu pour protéger ce dernier. Enfin repassez toujours sur l’envers !
Deuxième étape : Préparation du devant
Puisque nous passons d’une patte de boutonnage (pour laquelle les côtés droit et gauche se croisent) à un zip il faut retrouver la ligne de milieu devant. Cette ligne correspond à la zone de boutonnage, c’est-à-dire pour l’un des côtés la ligne sur laquelle se trouvent les boutons et pour l’autre côté celle où se trouvent les boutonnières. Ces deux lignes iront se caler de chaque côté des dents de votre zip.
Toute la matière depuis cette ligne jusqu’au bord extérieur – c’est-à-dire tout ce qui correspond à la croisure extérieure de la patte de boutonnage – est du tissu excédentaire (personnellement j’ai marqué ces deux lignes au point de bâti). Conservez juste 1 cm à 1,5 cm pour faire votre marge de couture à l’extérieur de la ligne de bâti puis coupez le reste.
À ce stade si la longueur de votre manche est faite de deux morceaux (comme la mienne), vous pouvez assembler sur le bas de votre manche la seconde partie afin de donner à la manche sa forme finale.
Troisième étape : Coupe de la doublure et de l'entoilage
Vos pièces sont désormais toutes prêtes, vous pouvez réaliser la coupe de la doublure et de l’entoilage. Utilisez les manches, les pièces du devant et la pièces du dos comme patron sur l’entoilage et sur le tissu de doublure. Vous devez avoir exactement le même nombre de pièces de la même forme pour chacun des trois tissus.
Quatrième étape : Réalisation des motifs
Pour faire mes motifs sur les deux pièces du devant je suis venue apposer des bandes de tissus sur mon tissu principal.
Il s’agit d’une étape un peu technique qui ne laisse pas place à l’imprécision si vous voulez un joli fini ! Prenez votre temps et faites des marques pour vous aider.
Déterminez la forme et l’inclinaison que vous souhaitez donner à vos motifs. Mesurez bien en vous assurant que tout est bien symétrique au millimètre près de chaque côté (surtout au niveau du point de jonction).
Mon conseil : Marquez au point de bâti la ligne le long de laquelle viendra se positionner votre première bande de tissu. Et si vous êtes sur une matière satinée n’utilisez pas les stylos frixions (stylos dont l’encre s’efface à la chaleur du fer) qui laissent des marques même après le repassage.
Coupez vos pièces au bon format en prévoyant éventuellement un rentré de couture sur certains bords et venez les épingler le long de la ligne de bâti.
Pour l’assemblage faites une surpiqûre nervure à 1 ou 2 millimètres du bord.
À noter : Ma veste étant courte et ne souhaitant pas couper dans les motifs j’ai choisi de ne pas réaliser de poches sur cette veste. Si vous désirez en créer je vous conseille de le faire à cette étape.
Cinquième étape : Les assemblages
Il va falloir désormais faire deux montages séparés : celui du tissu de dessus et celui de la doublure avec l’entoilage.
Pour commencer je vous conseille de faire un préassemblage de la doublure sur l’entoilage (envers de la doublure sur l’entoilage) pour les solidariser (sauf si vous avez opté pour un entoilage thermocollant et dans ce cas là il vous suffit de procéder au thermocollage de l’entoilage sur la doublure). Faites ce préassemblage à 5 mm du bord pour qu’il soit caché dans les valeurs de couture et épinglez bien la doublure sur l’entoilage avant, car les deux matières ont tendance à bouger.
Ensuite faites le montage de toutes les pièces du tissu de dessus ensemble, et le montage de toutes les pièces de la doublure entoilée ensemble, de façon classique : assemblez les côtés, les épaules puis réalisez la couture des manches et montez-les sur l’emmanchure.
Sixième étape : Pose du zip
Il y a plusieurs façons de poser le zip : pour ma part j’ai choisi de le faire en deux temps avec un premier assemblage du tissu de dessus puis une couture invisible à la main de la doublure sur le zip. Comme il y avait plusieurs épaisseurs et qu’il fallait gérer en même temps des raccords au niveau des motifs, j’ai préféré cette méthode qui me paraissait plus précise.
Tout d’abord vous assemblez à la machine le tissu du dessus sur le zip.
Note : Si vous avez choisi un gros zip de veste, attention à ne pas faire la ligne de couture trop près de ses dents afin d’éviter que la tirette ne se prenne dans le tissu.
La pose du zip va sceller la réunification de nos montages précédents (tissu de dessus et doublure entoilée). Ainsi il est temps d’insérer la doublure dans votre veste en veillant bien à positionner l’envers entoilé de la doublure contre l’envers de votre tissu du dessus. Il s’agit là de la forme finale de votre modèle l’entoilage n’est donc plus visible.
Vous pouvez alors assembler doublure sur le zip par une couture invisible à la main, marge de couture repliée vers l’intérieur.
Ensuite pour vous assurer que tout est bien en place, vous pouvez réaliser des préassemblages des 3 épaisseurs, au bord (5 mm) de l’encolure, des poignets et de la ceinture.
Septième étape : Réalisation du col
Comme je souhaitais un tissu contrastant pour mon col mais que l’idée était de ne pas patronner un nouveau col j’ai repris le col initial qui m’a servi de patron. Je l’ai placé sur mon nouveau tissu (en l’occurrence il s’agissait d’une chute de tissu grenat) et l’ai coupé deux fois pour réaliser le dessus et dessous de col.
Faites ensuite l’assemblage des deux parties du col l’une sur l’autre, envers contre envers, puis retournez et repassez.
À noter : Comme vous utilisez un col fini pour refaire une pièce qui ne l’est pas encore, pensez à ajouter des valeurs de couture à votre col. Vous pouvez aussi entoiler le dessous de col pour lui apporter plus de résistance.
Huitième étape : Montage du col
Assemblez votre col endroit contre endroit sur l’encolure, puis pour la finition intérieure vous pouvez, soit faire une surpiqûre nervure au ras de la couture d’assemblage précédente pour stabiliser le tout, soit faire une couture invisible à la main.
Neuvième étape : Réalisation des bracelets et de la ceinture
Les poignets et la ceinture vont permettre de faire une finition propre qui viendra prendre en sandwich toutes vos épaisseurs de tissu.
Réalisez le bracelet de poignet en assemblant les bords latéraux de vos bandes de tissu. Vous avez alors un rond de la circonférence de votre bas de manche que vous allez ensuite assembler endroit contre endroit sur ce bas de manche. Puis repliez vers l’intérieur, faites le rempli de la marge de couture, repassez bien pour bien marquer les lignes de pliure, et surpiquez le tout.
Le montage de la ceinture suit un principe similaire. Assemblez d’abord les différents morceaux de votre ceinture les uns à la suite des autres. Repliez la ceinture sur elle-même endroit contre endroit afin de marquer sa ligne de pliure et repassez bien. Votre ceinture toujours ainsi repliée sur elle-même, faites un piqûre sur la hauteur des deux extrémités de la valeur de vos marges de couture. Retournez la ceinture sur l’endroit et repassez, puis sur le même principe que les poignets faites une première piqûre endroit contre endroit sur tout le bas de la veste, repliez la marge de couture intérieure de la ceinture, puis faites une surpiqûre pour la fixer.
Félicitations vous avez terminé !
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